Le marché M&A mondial s'oriente résolument vers les opérations transfrontalières alors que les entreprises recherchent la croissance hors de leur marché domestique
4 May 2012
Le marché M&A mondial s'oriente résolument vers les opérations transfrontalières alors que les entreprises recherchent la croissance hors de leur marché domestique
L'étude du cabinet Clifford Chance identifie les motivations stratégiques et les risques inhérents aux opérations de M&A, face à la montée de la globalisation des marchés
D'après l'étude du cabinet Clifford Chance "Les nouvelles perspectives des opérations de M&A transfrontalières", plus des trois quarts des grandes entreprises internationales (78%) recherchent la croissance hors de leur marché domestique.
Cette enquête sur les tendances actuelles des opérations mondiales de M&A démontre que plus de la moitié des entreprises interrogées (56%) concentrent leur stratégie de M&A sur les marchés en forte croissance.
Cette étude, réalisée par "The Economist Intelligence Unit" pour le compte de Clifford Chance porte sur près de 400 entreprises avec un chiffre d'affaires supérieur à 1 milliard de $. Elle cible ainsi 80 directeurs généraux et 185 dirigeants exécutifs issus de régions et de secteurs d'activité divers.
Il a été demandé aux dirigeants interrogés d'évaluer les motivations stratégiques, ainsi que les risques perçus et les freins aux opérations de M&A transfrontalières.
L'étude démontre que des facteurs particulièrement présents dans les marchés à forte croissance, tels que l'instabilité politique, sociale et économique, ainsi que les barrières culturelles, ont conduit les acteurs du marché à adapter leur stratégie. Ainsi les entreprises privilégient la conclusion de joint-ventures et de partenariats stratégiques pour accéder à de nouveaux marchés, ce qui est confirmé par les résultats de l'étude.
Le recours à la trésorerie est privilégié. Plus d'un tiers des entreprises interrogées (37%) prévoient d'utiliser leurs réserves de trésorerie afin de financer de futures opérations, plutôt que de procéder par voie de financements bancaires ou de levées de fonds (émissions de titres de capital ou de titres de dettes sur les marchés financiers).
L'étude montre que la première motivation stratégique évoquée par les entreprises, pour les opérations de M&A, est le renforcement de leur cœur de métier, bien avant la diversification dans de nouveaux domaines d'activités. Viennent ensuite la volonté de rester leader sur son marché, puis le développement de la croissance sur des marchés clés.
L'étude révèle également que les actionnaires ont une influence croissante dans la stratégie M&A des entreprises. Ceci s'explique non seulement par le fait que les actionnaires examinent attentivement les opérations, mais également parce que leur activisme peut être à l'origine de stratégies de cession ou de scission. Ils n'hésitent pas, par ailleurs, à faire pression sur les entreprises pour améliorer le retour sur investissement ou délivrer une valeur ajoutée.
Alors qu'un certain nombre de grandes entreprises envisagent une reprises de l'activité M&A transfrontalières, l'étude a également voulu appréhender les risques et les obstacles liés à la réalisation de ces opérations.
Le premier risque identifié est la "course aux actifs", suggérant que les acheteurs potentiels sont bien plus nombreux que les cibles de choix.
L'instabilité politique, la fluctuation des taux de change, la hausse des coûts et les contraintes réglementaires sont d'autres risques évoqués comme des freins à l'activité M&A.
Dessislava Savova, associée au sein de l'équipe Corporate de Clifford Chance à Paris précise "Cette étude confirme ce que nous avons observé au sein de nos différents bureaux. Les entreprises disposant d'un bilan sain et de réserves de trésorerie reprennent confiance. Elles restent à l'affut de la bonne opportunité qui leur permettra de renforcer et de développer leur cœur d'activité, plus particulièrement sur les marchés en forte croissance".
"Cependant l'environnement réglementaire est de plus en plus complexe à gérer pour ces entreprises. Les régulateurs, les politiques, ainsi que leurs propres actionnaires suivent de très près le déroulement de ces opérations, dans un contexte de grande compétitivité pour ces actifs convoités. Dans certaines régions, l'attention portée par les entreprises aux enjeux politiques et culturels peut être tout aussi déterminante, dans le succès d'une opération, que l'appréhension des obstacles réglementaires."
Gilles Lebreton, associé au sein de l'équipe Corporate de Clifford Chance à Paris ajoute "Bien que l'activité de M&A enregistre une baisse au premier trimestre de l'année 2012, les résultats de l'étude démontrent un regain de confiance des dirigeants, avec près de 50 % d'entre eux citant les M&A comme un élément clé de leur stratégie de croissance.
Dans la mesure où les marchés restent stables, nous pensons que cette confiance affichée par les dirigeants se traduira, à terme, par un rebond de l'activité M&A. Celle ci devrait se concentrer sur des opérations transfrontalières dans les régions en forte croissance qui deviennent, à cet égard, de véritables marchés globaux".
Des perceptions globales
Cette étude fait état d'une diversité de perceptions et de comportements suivant les régions.
Les dirigeants européens interrogés désignent la Chine comme le 1er marché pour les opportunités de M&A, suivie par l'Allemagne en 2ème position et l'Inde en 3ème.
Les entreprises nord-américaines ne partagent pas cette vision optimiste de l'Orient - ils placent la Chine en 10ème position des marchés attractifs, avec l'Asie du Sud-Est et le Japon occupant respectivement les 13ème et 15ème places.
Ce sentiment semble être réciproque. Seuls 16% des dirigeants interrogés dans la région Asie- ont choisi l'Amérique du Nord comme destination privilégiée pour les opérations de M&A, leur stratégie de croissance étant le plus souvent régionale. L'Asie du Sud Est est alors le marché le plus souvent cité, suivi de la Chine (2ème) et de l'Australie/Nouvelle Zélande (3ème).
Plus de la moitié des dirigeants nord-américains interrogés ont sélectionné l'Asie du Sud-Est comme la région la plus risquée pour les opérations de M&A, contre seulement 8% des dirigeants européens.
Les européens s'accordent toutefois sur le fait que l'environnement réglementaire en Chine pourrait les dissuader de sélectionner ce marché pour une opération de M&A. Ils citent l'Amérique du Nord en deuxième position, pour cette même raison.
Selon Yves Wehrli, Managing Partner du bureau de Clifford Chance à Paris, "Cette étude nous apporte divers éclairages sur l'état d'esprit des entreprises par rapport aux opérations de M&A. Elle confirme, s'il en était besoin, que ce marché offre aujourd'hui un paysage varié et complexe".
"Les motivations et la perception des barrières à la réalisation de ces opérations changent de manière significative suivant les régions. Alors que l'économie mondiale se remet en ordre de marche après la crise financière, les entreprises doivent absolument connaitre et comprendre ces risques afin de réussir leur développement sur de nouveaux marchés".
Note :
Cette étude a été réalisée durant le premier trimestre de l'année 2012 par la société Economist Intelligence Unit. Elle porte sur près de 400 entreprises avec un chiffre d'affaires supérieur à 1 milliard de $. Elle cible ainsi 80 directeurs généraux et 185 dirigeants exécutifs issus de régions et de secteurs d'activité divers.